Le tour de l’ile de Senja en kayak de mer
L’ile de Senja se trouve en Norvège à 300 km au nord du cercle polaire arctique, proche de la ville de Tromso.
Senja est connue pour ses paysages variés qui l'ont fait surnommer « une Norvège en miniature ». Chaque cap est une montagne spectaculaire qui plonge dans la mer. Ses îles idylliques et ses belles plages de sable blanc nous font parfois douter de la température de l’eau.
Sur la côte intérieure on trouve un paysage plus vallonné, plus agricole.
Le climat et la végétation sont proches de ce que l’on trouve dans les Alpes à 1600m d’altitude.
Pas de Glace, le Gulf Stream qui longe les côtes Norvégiennes adoucit la température de l’eau de mer qui ne gèle jamais, même en hiver. Amateur d’iceberg, passez votre chemin pas l’ombre d’un growler sur ces côtes.
Cette année à l’initiative de Stan, Cette destination a fédéré nos envies pour l’été 2013. (http://www.neree.org/neree02/)
Les 4100 kms de trajet à parcourir n’ont rebuté personne. C’est vrai qu’un voyage en voiture permet une meilleure préparation du matériel et, c’est bien plus agréable de naviguer avec son kayak personnel.
Le tour de l’ile nous a fait parcourir 340 Km d’une navigation variée et plutôt sereine dans l’ensemble.
L’équipe
Stan, grand connaisseur de la Norvège en kayak de mer
José, un fin pécheur, ramasseur de champignon et de framboises hors pair. Cuisinier de grande expérience il a su accommoder et nous faire profiter de toutes les richesses de l’ile.
Dominique, ses talents de rebouteuse ont fait merveille et ont été très appréciés par Sylvain.
Jeanine toujours aussi solide dans ce type de randonnée – grande spécialiste de la cuisine gastronomique en raid.
Sylvain, celui que l’on espérait tous sans se l’avouer ! L’homme de la situation ou plutôt de toutes les situations ! Capable de naviguer malgré de nombreux problèmes ; de dos, d’intestin, de dérive, de duvet mouillé, d’appareils photos cassé…bref la personne qui cumule tous les emmerdes sans vouloir les partager aux autres… Le compagnon idéal qui, malgré tout cela, garde une capacité illimitée de bonne humeur communicative.
Patrick, il a fait l’éponge face à ces paysages prégnants, capté toutes les sensations, toutes les images pour qu’elles lui profitent toute l’année durant ! D’ailleurs son appareil photo est tombé en panne et ses 800 photos toutes floues sont inutilisables…
L’ile est reliée au continent par un pont qui enjambe le fjord depuis Finnsnes.
Le camping de Sktavik sera le point de départ de notre périple.
Après une bonne nuit de repos pour effacer la fatigue de 4 jours de conduite, nous chargeons les kayaks de tout le matériel et la nourriture pour 21 jours d’autonomie.
C’est toujours un moment épique, difficile, drôle souvent. Chacun sa méthode pour essayer de tout caser dans les coffres et sur le kayak. Il nous a fallu une bonne partie de la journée et une bonne dose d’énergie pour arriver à bout de cette épreuve. Déjà c’est l’heure des choix : et bon nombre d’objets, tous, bien sûr, indispensables, resteront tranquillement à attendre notre retour…
Sylvain a dans cet exercice fait preuve d’une imagination sans bornes. Un vrai inventaire à la Prévert. Du casque au grill pliant, du fauteuil démontable à la tente longue de 5 mètres ! Un vrai camion de déménagement…
Il est vrai que par la suite, tout au long du périple, nous avons profité de ses largesses.
N 69° 11.425’ E 18° 18.085’ –Notre premier bivouac. Chacun cherche à prendre ses marques, à gérer au mieux les contraintes matérielles. Le rythme lent, parfois prenant, de la randonnée en kayak se met en route. Mise au sec des kayaks, récupération du matériel dans les coffres, transport jusqu’au
lieu de camping, montage de la tente, rangement, séchage du matériel, préparation des repas… Et vice versa !
Nous mettrons trois jours pour parcourir le fjord qui sépare l’ile du continent. Nous sommes à l’abri. C’est une bonne façon de nous roder, avant d’aborder des secteurs potentiellement beaucoup plus exposés.
N 69° 30.925’ E 17° 57.468’ – L’anse de Storvik. Nous y arrivons tôt c’est un vrai luxe. Prendre le temps de lézarder, de monter tranquillement le bivouac, discuter, se laver, laver son linge…
Ici la nuit, sans nuit, s’ennuie. Elle nous a oubliés ; le soleil daigne se coucher à 23h puis après une légère pénombre le soleil lèche les tentes vers 1 H 30. Nous resterons 2 jours dans cette baie magnifique. Chacun vaquera à ses occupations. Sylvain en profitera pour se refaire une dérive avec un morceau de bois !
Jeudi 1° Aout. Nous passons notre premier cap outside. Les paysages ont bien changés. La mer a repris ses droits. Il est des jours où il ne doit pas faire bon de naviguer dans ces parages. Quel force, quelle rugosité, ces paysages. Les arrêts sont peu fréquents. Falaise, rochers, peu de possibilité de débarquer en kayak.il faut souvent enchainer de longues distances avant de trouver un atterrissage possible.
Husoy. Notre premier village. Un accueil inoubliable de la part d’un habitant qui nous propose de camper sur un espace vert public, à proximité de tables et de sanitaires, Puis qui nous apporte de gros poissons que José fera cuire sur le barbecue mis à disposition. Quelle soirée !
Le cap de Kjolva est le plus au nord de cette randonnée. Jamais je n’ai été aussi près du pôle Nord. N 69° 36.183, soit plus de 1000 km au Nord de nos randonnées au Groenland. Il reste toutefois 2300 km avant le pôle nord géographique !!
Ile de Faeroya Store – plage de sable blanc, du corail, mer bleu. Paysage d’une autre latitude. Cette virginité sans cesse renouvelée de la plage de sable fin. Chaque marée enlève toute trace de passage pour laisser une nouvelle page s’écrire sur le corail pilé. Place à la rêverie. Nous sommes en pays Lapon, le père Noel n’est peut-être pas loin !
Dans cet endroit perdu, un aménagement minimum a été réalisé. C’est un endroit de bivouac avec feu, bancs et…toilettes sèches (papier fourni !). Nous sommes bien en Norvège, pays ou l’hospitalité et l’accueil ne sont pas un vain mot.
Gryllefjord. Nous resterons trois jours dans ce fjord, sous la pluie en attendant des jours meilleurs. L’attente, le froid, l’humidité usent le matériel …et les hommes.
Le confort du camping de Flakstadvag, après deux semaines de navigation, nous a permis de recharger les batteries, au propre comme au figuré. Les touristes de ce camping, majoritairement allemands, viennent pour la pèche qu’ils ramènent chaque soir en brouette du port au camping ! Jamais je n’avais vu autant de poisson !
Bivouac sur l’ile de Lemmingvaer. Sable blanc, de nombreux ilots, la nature sauvage à l’état brut. Un coucher de soleil exceptionnel, moment rare de plénitude et de symbiose parfaite avec la nature.
Nous passerons les deux derniers jours de notre périple sur l’ile de Dyroya. La plage de gros galets de Berg est un point de vue extraordinaire sur l’ensemble de la baie. De la tente nous voyons passer les bateaux qui remontent vers Finnsnes, les dauphins qui partent en bande taquiner les poissons. Nous
en profiterons pour randonner vers un lac de montagne où les truites n’ont pas répondu à l’appel de Stan, José et Sylvain qui rentreront bredouille ! Elles doivent encore en rigoler !
Aigles, phoques, macareux, huîtriers pie, rennes, cerf, moustiques parfois, ont partagés avec nous ces trois semaines d’itinérance. Pour notre plus grand bonheur. Pour les baleines, ce sera pour une autre fois.
Au bout de 21 jours, le camping de Sktavik est en vue. Les véhicules nous ont sagement attendus. Un photographe de la presse locale nous attend. Pourtant cette ballade n’a rien d’exceptionnelle. Ce fut simplement une belle aventure humaine.
Patrick DEROIDE
Photo Jeanine B
Quelle belle plume !
RépondreSupprimerNous réalisons que tu manies aussi bien la plume que la pagaie pour notre plus grand plaisir.
C'est beau.
MO & LO
Très bel article Patrick et d'actualité.
RépondreSupprimerOn ressent bien la convivialité de ce raid norvégien, digne des précédents !
Tu fais rêver avec tes lagons, ton corail, ta petite équipe.... le rêve, l'illusion, quoi de plus important pour les pagayeurs au long cours.
Félicitations l'"ami"