dimanche 30 septembre 2012

Souvenirs de Bretagne: 2008 - 2009 - 2012




 

La Bretagne est une destination incontournable pour les amoureux de la mer et  bien sur les kayakistes.
Trois belles randonnées nous ont permis d’apprécier ce magnifique terrain de jeux.
Par-delà le côté sportif, ce qui retient l’attention c’est le mariage réussi  d’un  pays, ses traditions, ses habitants, et ses paysages souvent marqués par la rudesse du climat. Un véritable coup de cœur.
C’est en 2008 que démarre notre première rencontre.
Un projet établi autour d’une visite amicale auprès d’Etienne et Colette qui ont la délicieuse habitude de passer tout leur été à Plougoulm.
Le point de départ se fera donc du port de Mogueriec.Ce fut un été à la météo capricieuse qui ne nous empêchera pas de parcourir cette côte superbe jusqu’à Loguivy.
Je retiens de cette randonnée, le sentiment de liberté totale que donne le cabotage en kayak de mer.
Nous avons dû nous plier aux exigences des nombreux BMS (bulletin de météo spécial) qui ont ponctué l’ensemble du voyage, modifier notre planning en fonction des éléments, jouer avec les arrêts forcés pour les transformer en vrais moments de découverte de ces innombrables villages qui jalonnent la côte.
Pas d’enjeux sportifs, pas de contraintes fortes de planning, on a appris à tirer le meilleur parti de la situation. Tout un art de se plier aux caprices du vent, de la marée et du vent !
L’ile de batz, la pointe de Primel, Locquirec, les sept iles, l’ile d’Er, Plougrescant, le sillon de Talbert, et bien sur l’archipel de Bréhat, restent encore aujourd’hui des souvenirs merveilleux.

En 2009, pas question de ne pas revenir en Bretagne, le Sud, les côtes d’Armor, nous promettaient statistiquement  un temps plus clément. Nous ne nous sommes pas trompés.
Départ d’Arzon pour enchainer de belles traversées pour visiter Houat, Belle Ile, Tievec, Groix et pour finir, l’archipel de Glénans véritable paradis qui se mérite et s’apprécie à sa juste valeur après 8 jours de randonnée.
Détachés du trait de côte, notre itinéraire nous fait vraiment apprécier toutes les capacités du kayak à évoluer au large…pour mieux apprécier les arrivées.
 
Nous sommes de nouveau de retour en 2012 pour achever notre tour de Bretagne. Départ de Mogueriec , direction plein ouest pour tenter de rejoindre Concarneau.
Cette fois, nous aurons besoin de toute l’expérience acquise lors de nos deux raids au Groenland pour assumer et apprécier la rudesse de cette randonnée.
L’ile vierge, la traversée sur Molène, cette ile ô combien attachante, la pointe St Mathieu, les tas de Pois, Pors Piron atteint après une lutte incessante contre le vent et la houle, donnent des souvenirs impérissables.
A Douarnenez, il a fallu se rendre à l’évidence que les conditions n’étaient pas réunies pour franchir le raz de sein. Ce sera donc pour une autre fois.
Après avoir profité de notre escale forcée pour apprécier les Tonnerres de Brest, Nous poursuivons notre randonnée à partir du Guilvinec .Le soleil nous accompagnera  pour le reste du séjour. Quelle transition !
Traversée directe pour l’archipel du Glénan. Le  bonheur de retrouver l’ilot de Guiriden  pour un nouveau bivouac. Sur cette terre  miniature les huitriers pie au son strident  s’en donnent à cœur joie pour bien nous montrer que nous ne sommes que tolérés dans leur propriété.
Puis de nouveau Groix par l’outside cette fois ci, Tievec, Belle ile avec le plaisir également de passer par l’ouest de l’ile, Houat et Hoedic où nous passeront quelques jours à se laisser bercer par cette terre hospitalière.
Un coup de cœur à Port Saint Nicolas sur Groix. Tout l’esthétisme de la Bretagne est là. L’ambiance, les couleurs, les odeurs.
Hoëdic est certainement l’ile qui m’a le plus marqué. Nous y avons pris le temps de s’y poser plusieurs jours. Le temps de trainer dans la lande, le chemin côtier, les bars…Nous l’avions mérité cet instant où il faut juste de laisser vivre et ne rien faire, surtout ne rien faire …
 Le retour sur la terre ferme nous a appris qu’il ne fallait jamais baisser la garde jusqu’au dernier coup de pagaie. Que de beaux et bons souvenirs.
 

BRETAGNE AOUT 2008

D’ile en iles de Batz à Bréhat

Voyage en équipage avec Jeanine Bout, ma fidèle compagne de kayak.
Ce projet a muri lentement.
Il y eu d’abord mon désir de voir la mer, la vraie, avec ses marées, ses courants, ses marnages.
Et puis il y a aussi la volonté de progresser, de se confronter à autre chose, de s’y préparer.
Enfin l’envie de retrouver avec Jeanine les émotions de nos trois dernières randonnées.
Et c’est ainsi que sont nées les vacances de ce mois d’août 2008.
Jeanine s’est occupée de l’intendance. Rien ne manquait pour rendre ce séjour unique. Elle n’a pas failli à sa mission.
Ce récit a pour seule ambition de raviver les souvenirs et les sensations de ce raid.
Samedi 9 Aout 2008

Le départ à 1H du matin de Montpellier ne nous a pas trop posé de problème.
Compte tenu du trafic annoncé pour ce samedi de départ pour la semaine du 15 août, cet horaire matinal nous a semblé le plus approprié pour ces 1150 kms de trajet.
Le pique nique de midi, pris à saint Brieuc face à la mer, sonne le début véritable des vacances. Le temps est déjà frais. Le ciel, bien chargé, ne nous impressionne pas du tout.
Nous poussons la porte de notre première coopérative maritime. J’achète un Suroit. J’en rêvais depuis si longtemps. Il n’est pas très beau mais pas cher et étanche. Il va certainement me servir dès demain. Jeanine est restée un peu plus dans le magasin voir s’il n’y a pas quelque chose à essayer. En fait elle est curieuse mais pas forcément acheteuse. Dans le rayon des vêtements, elle est heureuse !
En fin d’après midi, arrivée au camping d’Etienne et Colette, « le bois de la palud » au village de Plougoulm.
Tout de suite nous sommes dans le bain avec un très agréable barbecue au bord de la mer ; c’est marée basse .le vent et la température hivernale nous surprennent, il y a au moins 20 ° d’écart avec hier soir à Montpellier. Merci à tous les deux pour cet accueil si convivial et chaleureux
Nuit de repos avec bien sûr, la pluie bretonne !!

Dimanche 10 aout 2008 (PM à 13H00 à Roscoff coeff 31) 7.8Kms
Le petit déjeuner préparé par nos amis est un véritable délice. Rien ne manque au bonheur de cette première journée bretonne. C’est bientôt le départ pour le port de Moguériec où il faut maintenant charger les kayaks pour nos 2 semaines prévues sans retrouver la voiture.
Des choix difficiles s’imposent, il faut tout loger dans le kayak : je me passerai de ma mousse pour dormir, on oublie une bonne bouteille ! Quelques douceurs pour l’apéro resteront dans la voiture. Juste l’indispensable…à nos yeux
La première étape n’est pas très longue
Ce n’est qu’une mise en jambe mais le vent qui souffle de travers, la mer qui moutonne, nous incite à la prudence pour ne pas se faire cueillir à la sortie du port.
Quelle beauté cette mer.
Nous passons au pied de la tourelle Arc’hell puis entre l’ile de Siec et la côte. J’ai dû descendre du kayak car il manquait quelques centimètres. Ensuite nous sommes passés à l’ile verte puis A Garrec et de la tout droit sur le phare.
La traversée se fait avec précaution, compte tenu de nos kayaks bien chargés et d’une mer qui se forme de plus en plus à l’approche de l’ile.1H 30 après, nous accostons sur la plage de sable blanc de l’ile de Batz au pied du phare.
Le chariot, assemblé sur la plage, nous aide à trainer notre matériel jusqu’à l’aire d’hébergement non aménagée prévue pour les campeurs de passage.
Beaucoup de jeunes ont montés leur tente. Il y a un point d’eau, une douche et 2 sanitaires. Pas besoin de plus pour être heureux.
La tente montée, nous partons à pied à la découverte de cette ile que nous trouvons très attachante.
Roscoff n’est pas très loin mais c’est vraiment une ile et nous sentons que nous avons coupé le cordon ombilicale avec notre quotidien habituel et que l’avenir est dans nos pagaies, devant nous
Lundi 11 aout 2008 (PM 14H34 à Roscoff coeff 28) 37.8 Km
Départ vers 10H, le temps de se préparer, tout ranger, et transporter le matériel ! Le temps est maussade et nous comprenons qu’il va falloir faire avec…
Les prévisions ne sont pas optimistes pour la soirée et la journée de demain…
Nous longeons Roscoff qui se montre bien triste par le temps gris et avec ces maisons de granit sombre.
Pique nique sans pluie à l’ile Callot ou nous faisons chauffer une soupe chinoise…Elle est la bienvenue pour effacer les difficultés de la traversée avec vent de travers qui nous impose de corriger en permanence (surtout avec le Shore line de Jeanine)
Un Goéland vient gentiment réclamer sa pitance. Normal, il a pris de mauvaises habitudes avec
Etienne et Colette qui sont des habitués de cette plage magnifique.
Sans tarder nous prenons la direction de la pointe de Primel. Pas beaucoup de bateau, nous sommes pratiquement seuls sur une mer qui se forme.
A l’approche de la pointe, la houle majestueuse est impressionnante, surtout avec en bruit de fond le vacarme de l’explosion des vagues sur la côte.
Apres la pointe, il n’est pas possible de passer entre les rochers et il nous faut arrondir de manière très importante pour trouver une zone sans déferlante.
Malgré l’heure avancée, d’un commun accord, nous décidons de continuer le long de cette côte inhospitalière jusqu'à Locquirec.
La décision de s’attacher par le bout de remorquage nous parait intéressante. Cela nous permet de ne pas se perdre dans cette houle toujours aussi puissante mais non déferlante. Elle doit bien faire plusieurs mètres. Autre avantage important, nous nous corrigeons mutuellement de la tendance à lofer des kayaks car le vent latéral est de plus en plus fort ; cela nous permet de moins nous fatiguer.
C’est la plage abritée de l’anse du Prajou après Beg An Fry qui nous accueille pour une rapide halte. Le départ de Jeanine ne pose pas de difficulté, mais moi j’oublie qu’il faut regarder le train des vagues avant de se lancer et je me fais cueillir par 2 belles vagues qui ont voulu me faire renverser par l’arrière…
Je continuerais donc trempé jusqu’aux oreilles jusqu'à Locquirec.
Les belles vagues de la plage de sable nous semblent bien dociles en comparaison avec ce que l’on vient de connaître et nous mettons pied à terre vers 19H30.
Vite… trouver une place dans le camping, vider les bateaux, faire le portage du matériel et des kayaks, monter le campement, prendre une douche chaude, être sec ! Préparer à diner et... Enfin se coucher, quelle journée intense!!
Étape fatigante mais très enrichissante pour nous qui ne sommes pas habitués à de telles conditions dans notre méditerranée, mais jamais nous n’avons dépassé nos limites. Le vent peut continuer à souffler fort, nous sommes dans la tente et c’est bon. La pluie va de nouveau bercer notre sommeil….
Mardi 12 aout 2008
Ce matin il fait beau, mais nous subissons notre premier avis de grand frais.
Ballade au port dans la matinée puis dans l’après midi, Yvon et Jeanne sont venus très gentiment nous chercher pour une ballade à Saint Michel en grèves. Nous les accompagnons faire des courses dans un joli village breton. Nous sommes ensuite invités à diner dans leur bien jolie maison bretonne.
Ce fut un accueil amical et un diner excellent que nous n’oublierons pas de si tôt.
Compte tenu du temps, un feu bien agréable a été allumé dans la cheminée. Les températures de Montpellier sont définitivement oubliées…
Leçon de Breton N°1 : comment manger les crêpes ? Les crêpes se mangent de l’extérieur vers le centre car l’on fini ainsi par la partie la plus sucrée.
Leçon de Breton N°2 : beaucoup de noms de localité commencent par Plou… car ce préfixe veut dire village. Merci Yvon pour toutes ces informations.
Mercredi 13 aout 2008
Toujours l’attente, Un BMS est encore en cours ; beaucoup de vent. La mer au loin est blanche.
Un tour au port pour profiter du marché hebdomadaire ; Jeanine s’achète un beau pyjama. Dommage que la pluie une nouvelle fois interrompe la visite des chalands.
Nous en profitons pour prendre un bus qui nous conduira à Morlaix puis un autre à Saint Pol de Léon. Etienne et Colette viendront nous chercher prés de l’église dont le clocher est le plus haut de Bretagne.
Nous visitons ensemble Roscoff et je profite de la visite de la coopérative pour acheter un petit couteau que je laisserai dans mon gilet.
Apres un bon apéro (très sage pour le conducteur), nous reprenons la route du camping.
Jeudi 14 aout 2008 (PM 17H49 à Roscoff coeff 59) 24.5 Kms
Nous partons ce matin (enfin !) presque à marée basse. Jeanine trouve le passage entre les bateaux couchés sur le flan et retrouve rapidement l’eau profonde. Je n’ai plus qu’à la suivre pour me décoller de la plage ; heureusement ce n’est que du sable…
Nous traversons la baie en direction de l’ile Millau puis nous nous insérons entre les ilots pour gagner l’ile Molène.
Quelle ile merveilleuse. Un grain menace et je juge qu’il vaut mieux être dans les kayaks et sur l’eau le temps de la rincée. Nous repartons donc un peu trop rapidement et ce n’est pas une bonne idée. Cette ile s’éloigne au grand regret de Jeanine qui aurait souhaité en profiter un peu plus et …je pense qu’elle avait raison. Nous ne retrouverons pas une telle harmonie des couleurs…
Le débarquement sur l’ile d’Aganton n’est pas facilité avec cette plage si plate et la mer qui monte si vite ! Le déjeuner est vite avalé sur le pouce…
L’arrêt à l‘ile Losquet ne semble pas aisé à marée basse et nous décidons de poursuivre notre chemin.
Nous passons entre les iles Losquet et Aganton en limite du plateau des Peignes.
La mer déferle de partout et il faut slalomer entre les zones agitées pour trouver un passage plus tranquille. Beaucoup de beauté dans ce paysage mais notre attention est maximale.
Là encore, pas possible d’enlever la jupe et prendre des photos. Il faudra un jour s’équiper d’un appareil photographique étanche.
Nous longeons à bonne distance l’ile Grande puis nous nous dirigeons vers l’ile Morvill qui sera notre bivouac pour la nuit.
L’accès n’est pas très simple. Pas de plage, juste des cailloux et des rochers. Nous avons connu mieux pour un débarquement.
Jeanine n’est pas dans un de ses meilleurs jours. La cohabitation n’est pas toujours simple et le temps capricieux n’arrange rien.
Elle n’est pas à la fête ; trop compliqué, trop minutieux, prévoir, penser, anticiper, le quotidien omniprésent à régler… les vêtements mouillés, la tente humide, peu d’eau, un sol chaotique pour dormir….
Heureusement ses repas dignes d’un grand chef aplanissent ces bivouacs un peu scabreux et nous nous endormons plein de souvenirs et les projets du lendemain reprennent vite le dessus.
Vendredi 15 Aout 2008 (PM 18H27 à Roscoff coef 70) 36.0 Kms
Une fenêtre météo est annoncée pour aujourd’hui. Il ne faut pas la rater.
Départ pour l’ile aux moines, la seule des iles où l’on peut accoster.
Nous longeons au loin la côte de granit rose, le rase cailloux sera pour une autre fois puis, au droit de Trégastel nous visons le phare. Une légère houle ne pose pas de difficultés particulières.
En prenant un alignement je découvre que nous reculons rapidement. Ce n’est pas très inquiétant car la marée sera bientôt basse et nous avons l’ile aux cerfs pour nous récupérer .Un autre alignement me fait prendre conscience que plus aucun ilots des 7 iles nous est accessible et que le recul est toujours aussi important…la décision est prise rapidement.
Nous nous accrochons avec la remorque et, face au courant, nous pagayons pendant ¾ d’heure avant de voir que nous stabilisons enfin notre position. C’est vraiment inconfortable ce tapis roulant ! Les yeux trempés de sueur, nous sommes complètement mouillés de transpiration quand au bout d’une heure d’intenses efforts nous arrivons à proximité de l’ile aux Cerfs.
Qu’il est doux de s’arrêter de pagayer quelques instants pour boire et souffler.
Le reste de la traversée n’est que du bonheur. Nous nous rendons compte que nous sommes des privilégiés de pouvoir longer ces rochers ou la vie animale est tant protégée.
Mettre enfin pied à terre est un vrai soulagement…
Pique nique sur le sable avant de partir à la découverte de l’ile .Le dernier gardien du phare est parti en novembre dernier et depuis cette ile est inhabitée.
Nous rencontrons par hasard le président de l’association qui rénove une partie du site. Et ainsi nous avons droit à une visite commentée des plus intéressantes.
Trois des douze canons de l’ile sont encore visible et sont en cours de restauration.
Le fort n’est pas visitable, là aussi sa restauration est engagée.
Avant de nous séparer nous sollicitons notre guide pour savoir où l’on peut voir des phoques. Bien aimablement il nous indique un ilot où ils sont régulièrement au grand plaisir des touristes qui empruntent la liaison maritime.
Nous suivons ses conseils et revoilà notre guide qui pousse même la gentillesse de revenir en bateau pour nous montrer 2 phoques en train de se balader.
Cette rencontre est merveilleuse. C’est la première fois en kayak que je rencontre un mammifère marin. Ils sont là, nous observent, jouent et repartent vers leurs destinée, nous laissant sans voix.
Nous pouvons nous approcher pour les voir jouer avec nous, tourner autour du kayak et sortir la tête jusqu’à toucher notre frêle embarcation.
Malgré notre bonheur que l’on voudrait prolonger, il nous faut aussi poursuivre notre route, et d’une traite ! Sous un temps de plus en plus menaçant, nous rejoignons le prochain bivouac de la petite ile d’Er.
25 Km non stop, sans aucun arrêt. Nous passons au large de l’ile Tomé puis longeons la côte devant port Blanc jusqu'à la pointe du Château. Il y a beaucoup de monde sur les rochers car la vue y est superbe. Débarqué sur la petite ile d’Er, nous découvrons le bivouac 3 étoiles mentionné dans certains récits de kayakistes. Il est occupé par une famille arrivée en bateau moteur. Tant pis, on se rabat sur une lande non protégée du vent qui avec l’arrivée de la pluie commence à souffler. Et en plus la pluie s’en mêle !
Nous nous endormons avec tous ces souvenirs de la journée et l’inquiétude de l’avis de grand frais lancé pour la nuit.
Samedi 16 août 2008 (PM 19H03 à Roscoff coef 80) 2.5 Kms
Le vent a soufflé toute la nuit, rien n’est possible aujourd’hui. Si nous ne partons pas dans l’heure qui suit, il faudra attendre la fin de la journée pour retrouver de l’eau.
Ici l’estran très important nous empêcherait tout mouvement. La décision est prise. Pas de petit déjeuner pour échapper à la marée basse. Nous plions sous un crachin glacial. Lors de la traversée vers le camping de Plougrescant nous luttons contre vent et courant en tentant de se protéger en pagayant de rochers en rochers.
La cale située à proximité du camping est une aubaine pour rouler sans efforts jusqu'à notre emplacement. Enfin un bol de thé chaud pour nous ragaillardir !
Il y a 2 bons kilomètres de montée pour aller au village où d’ailleurs c’est la fête des moissons aujourd’hui. Nous allons acheter quelques victuailles et vu l’heure, nous en profitons pour déjeuner dans une sympathique crêperie.
Belle ballade de digestion vers la pointe du Château, puis nous retournons au camping manger le crabe acheté dans une coopérative de pèche.
Jeanine retrouve les gestes de ses ancêtres de Cros magnons pour manger la chair des pattes !

Dimanche 17 Aout 2008 (PM 19H37 à Roscoff coef 87) 26.0 Kms
Au lever, le ciel sombre est bien sinistre, le vent s’est un peu calmé, un nouvel avis de grand frais pour la nuit prochaine est encore lancé !!!
Il faut une nouvelle fois ne pas attendre et s’adapter aux prévisions. C’est vrai que la radio VHF est d’une grande utilité et que pour une telle randonnée c’est indispensable.
Après avoir traversé l’embouchure du Jaudy, nous longeons la côte au plus près pour éviter les courants d’une marée descendante.
Que c’est triste, tout est sombre, on se croirait à la tombée de la nuit, pas un bateau sur l’eau…il ne faut pas trop se poser de questions dans ces moments là et tracer notre route jusqu’au sillon de Talbert.
Compte tenu des horaires de marée, et après discussion avec Jeanine, nous décidons de faire le tour des iles d’Olonne fuyant la terre qui avance à grand pas. Les coefficients deviennent importants et le marnage, ici, est significatif.
Je rase les cailloux, et Jeanine qui veut en faire autant se fait prendre par une belle vague, puis le ressac correspondant .Durant quelques secondes je ne vois plus que son chapeau, comme toujours, vissé sur sa tète. Magistralement, elle a fait tous les appuis nécessaires et n’a pas dessalé. Tout va bien, mais adieu les douceurs : crème de marrons, compotes… seront pour les poissons. Tout a été arraché du pont.
Nous trouvons un passage pour franchir l’extrémité du sillon. Nous en profitons pour nous restaurer un peu, d’autant plus que le temps s’améliore.

Je décide de partir cap au 180°, mais je m’aperçois que le paysage se restreint au fur et à mesure de notre avancée…
La mer, qui descend toujours, modifie constamment le paysage qui se ferme totalement : vite demi-tour avant d’être piégé !!
Nous faisons le tour de l’ile Modez par le Nord pour retrouver l’eau libre ; les paysages sont magnifiques, les rochers isolés deviennent rapidement des iles importantes, tout est éphémère et il faut composer avec.
Entre 2 rochers j’aperçois un couple de phoques qui se prélasse sur les rochers, vite l’appareil photos pour ne jamais oublier cet instant.
Compte tenu des prévisions météo non engageantes pour la soirée j’avais prévu de rallier directement Loguivy.
Très justement Jeanine me fait remarquer que nous ne sommes pas pressés et qu’être bloqué quelques jours sur l’ile Bréhat n’est pas une grande contrainte !!! Elle a bien raison.
Changement de cap pour un pique nique merveilleux sur une ile éphémère de sable blanc, qui disparaitra après notre halte sous la puissance de la marée montante, nous accostons sur l’ile Bréhat. Apres notre installation au camping, une nouvelle fois facilitée par le chariot !, nous partons diner au restaurant pour fêter dignement l’anniversaire de Jeanine.
Lundi 18 Aout 2008
Beaucoup de vent, les BMS se succèdent, nous en sommes au 3ème ! Nous allons en profiter pour flâner dans l’ile. Que c’est beau. Yvon et Jeanne vous aviez raison, c’est presque le paradis ici.
Visite des verreries de Bréhat, du phare du Paon, du moulin à marée, de ces belles ruelles sans voitures, des fleurs de partout.
Mardi 19 Août 2008 (PM 21H47 à Paimpol coef 93) 4.1 Kms
Force 5 à 6 en cours, la traversée vers Loguivy et le camping municipal du Gouern n’est pas longue mais il ne faut pas mollir sur la pagaie…
Jeanine en tant que brillante organisatrice, trouve, en quelques minutes, un emplacement pour notre tente et les kayaks ainsi qu’une voiture pour nous emmener à Loquirec récupérer la voiture. Tout est aplani avec elle. Quel talent….et quel gain de temps !
Nos bienfaiteurs sont très sympas et nous leur offrons l’apéro sur le port de Loquirec. Retour par Paimpol et le port de Bréhec où nous passons la soirée chez une copine qui tient un restaurant. Merci Joëlle pour ton accueil et bon vent à toi.
Encore une journée bien remplie.
Mercredi 20 aout 2008 (PM 22H21 à Paimpol coef 91) 20.4 Kms
Une belle journée en prévision. Nous partons faire le tour de l’ile de Bréhat, dans le sens des aiguilles d’une montre.
Apres le phare, une passe entre l’ile et des ilots lève une petite barre,
Jeanine en profite pour surfer en marche avant puis en marche arrière, elle veut vraiment tout essayer. C’est vrai qu’il y a un sacré courant et juste 1 à 2 mètres d’eau.A midi nous nous arrêtons au restaurant La Potinière au bord de la plage. Elle n’est pas belle la vie…
Au retour je ne veux pas rentrer, tout est si beau et je souhaite visiter le port de Loguivy, les abords du club nautique…. La punition est sans appel, je traine le kayak sur un bon kilomètre dans la vase. Heureusement il n’y aura pas d’image de cet « exploit », je suis sale et fourbu. Jeanine sentant venir un plan galère a fait demi tour depuis longtemps et elle m’attend sagement à la cale du port, nous rentrons sous la pluie au camping d’Etienne et Colette qui nous ont très gentiment préparé un diner de pâtes agrémentées de praires.
Jeudi 21 Aout 2008 (PM 21H55 à Roscoff coef 84) 10.6 Kms
Aujourd’hui, nous suivons nos guides qui nous font découvrir le golfe de Morlaix.
Départ de Carantec pour l’ile Louet, le château du Taureau, l’ile Ricard, l’ile Callot pour donner à manger au Goéland !
Au retour nous déjeunons, tous les quatre, à Carantec dans un restaurant du bord de plage.
L’après midi, très belle ballade sur l’ile Callot. Nous traversons à pied car c’est marée basse et la parcourons entièrement. Le site de la chapelle Notre Dame incite à la méditation, sinon à la rêverie.
Au retour Colette nous prépare des palourdes farcies…
Que de bons souvenirs qui complètent agréablement notre séjour.
Vendredi 22 aout 2008
Aujourd’hui, c’est l’heure du retour. Il a, comme souvent, plu ce matin et ce n’était pas facile de sortir de la tente. Tout est sale et/ou mouillé…
Après avoir remercié chaleureusement nos hôtes, nous prenons le chemin du retour, non sans avoir fait le détour par Carantec pour les derniers achats.
Nous suivrons le conseil d’Yvon et rentrerons par Bordeaux. Le voyage est, c’est vrai, plus roulant.
Dernière Halte à Auray pour le déjeuner puis nos adieux à la Bretagne. KENAVO
Nous reviendrons c’est sur.
Il reste tant de coins pour flâner et poursuivre notre itinérance.
Merci à tous nos amis de nous avoir permis de mieux vous connaître et vous apprécier.
Merci à tous ces inconnus avec qui nous avons partagé un café, quelques mots, des émotions, un trajet.
Merci à toi Jeanine pour toute la patience, la persévérance, la détermination et l’émerveillement qui ne t’ont jamais fait défaut.
Le kayak N° 14 est bien rentré à sa base.
Patrick DEROIDE
1/09/2008
 
D’îles en îles en Bretagne Sud 
Cette année 2009 nous avons choisi la Bretagne Sud. Notre but est de relier les iles de Houat, Hoëdic, Belle ile, Groix et de finir par l’archipel du Glénan avec nos kayaks de mer.
 Nous avons démarré notre périple d’Arzon, plus exactement de la plage du camping du Port Sable. La voiture nous attendra sagement sur un parking.
Iles en îles en Bretagne sud
Bivouac en Bretagne sud
 Et ce samedi 8 aout, avec 10 jours d’autonomie de nourriture et 10 litres d’eau chacun, c’est le départ pour une traversée de 17kms pour rallier Houat.
Le temps est au beau fixe, profitons en!
La carte des courants achetée la veille (SHOM Bretagne SUD) va bien nous aider dans le choix de l’horaire des traversées. C’est pour nous, qui ne connaissons pas la région, un document indispensable.
Le courant sortant du golfe du Morbihan (coef 83) nous permet d’atteindre une moyenne de 7,7 Kms la première heure de navigation!
Nous avons même doublé un voilier! Il devait prendre son temps….
Après 22 Kms nous accostons sur la plage de Treach Salus .Nous montons les kayaks de mer, avec l’aide du chariot, au dessus du niveau de la pleine mer, avant de visiter l’ile à pied.
Bivouac sur la plage.

Dimanche 9 aout, Il fait toujours grand beau. Mer idéal, courant portant. En moins de 2 heures nous traversons les 12Kms qui nous séparent de Belle ile et nous passons l’après midi à visiter les terres, Locmaria et ses alentours. (Le timing imposé par la marée ne nous permettait pas de passer par Hoëdic, prendre son temps pour flâner, et de rejoindre Belle ile…ce sera pour une autre fois)
Bivouac sur la plage de Port Andro.
Le lundi, nous musardons le long de Belle Ile, visite du Palais, de Sauzon. Nous bivouaquons à port Deuborth après avoir explorer la pointe des poulains.

Mardi 11 aout, Il faut attendre 14H30 pour espérer des courants favorables pour la traversée, qu’importe, nous irons nous promener à Sauzon en attendant. 22 kms pour rejoindre d’une traite l’ile de Teviec ou la magie du lieu nous accueille pour le bivouac.

Mercredi, une belle journée nous attend, Apres avoir longé la cote jusqu'à l’embouchure de l’Etel, (juste un petit clapot …aujourd’hui!) nous visons directement la célèbre plage convexe des grands sables de l’ile de Groix (28kms parcourus). Encore un bel endroit de Bivouac. En milieu de journée un brouillard épais nous a fait apprécier le confort du GPS.

Jeudi : Les horaires des marées nous donnent champ libre pour toute la matinée et nous en profitons pour visiter Groix et s’offrir un bon resto ! Puis c’est la traversée vers le continent ou nous bivouaquons sur une plage, quasiment inaccessible par la terre, près de Guidel.

Vendredi : petite journée à flâner le long de la cote pour rejoindre la plage de Trènez près de l’ile percée. Apres midi et nuit au camping, situé en bord de plage, pour se refaire une santé! (douche, lessive et recharge des batteries…)

Samedi : Encore une belle journée en perspective, la météo marine donné en continue sur le canal 63 est un vrai luxe pour nous. Départ de bonne heure pour atteindre vers midi la pointe de Trévignon et son port si sympathique. Puis en début d’après midi c’est la traversée vers l’archipel du Glénan. Nous bivouaquons sur l’ile du loch.
Nous passons la journée du dimanche à flâner dans l’archipel avant d’établir notre 9° et déjà dernier bivouac sur l’ile Guiriden.

Lundi , c’est le retour vers Concarneau. Nous choisissons d’atterrir à la plage de la pointe de la Jument car un camping se trouve à proximité. Nous plantons la tente, rangeons les kayaks. Demain pour récupérer la voiture, nous partirons de bonne heure faire du stop pour rejoindre le village de Trégunc. Un bus nous emmènera directement à la gare de Quimper. Puis un train jusqu'à Vannes, de nouveau un bus jusqu'à Arzon ou sagement notre voiture nous attendait; 5 heures de transports qui nous ont permis de faire des rencontres et de découvrir autrement la Bretagne.

Le rêve ne pouvait se terminer aussi vite et nous avons fait une magnifique randonnée dans le golf du Morbihan. Un coefficient de 108 ne pouvait pas nous laisser indifférent…
Une telle ballade n’est que du bonheur. Grace aux conditions climatiques, nous n’avons pas utilisé la grande partie des vêtements emportés, et c’est tant mieux ! Le GPS ( Garmin 72) que j’utilisais pour la 1° fois en grande randonnée n’a jamais failli..Tous les itinéraires et les éventuels plan B avaient été enregistrés au préalable. C’est une grande sécurité. Les cartes marines au 1/50 000 et les carte IGN au 1/25 000 sont indispensables pour ceux qui comme nous ne connaissent pas la région.

Les coffres (étanches) du Ponant et du Pétrel (de JFK) nous ont permis de tout charger y compris le chariot indispensable pour les manutentions .
Les étapes n’ont jamais été longues et ont permis de larges randonnées à pied. C’est ce qui a été bien agréable.
Ce qui nous a beaucoup marqué également dans cette itinérance, c’est l’accueil des gens de mer, les voileux et les pécheurs que nous avons rencontrés nous ont tous témoignés une extrême gentillesse. Merci à eux. C’est cela aussi le luxe d’un séjour réussi.

Randonnée Bretonne 2012
 
200 milles nautiques , faits de plaisirs, d’efforts, de doutes, de rencontres … bref, de vrais vacances !

Ce fut une belle itinérance.
Durant toute la première partie, de Moguériec à Douarnenez, la météo ne nous a pas rendu la vie facile !
Pourtant, il faut le reconnaitre ; un seul BMS.
Le reste du temps elle nous a appris l’humilité et…l’humidité !
Pour avoir un peu de confort, nous avons privilégié le camping. C’est si bon de pouvoir monter rapidement la tente quand il pleut et qu’il fait froid. Une bonne douche chaude fait partie également des plaisirs simples ! C’est sans compter les portages souvent fastidieux…
Traverser le chenal du Four pour rejoindre Molène, passer la pointe Saint Mathieu, Caresser les tas de poix sur la presqu’ile de Crozon, arrondir le cap de la chèvre sous belle houle, Arriver dans le port de Tréboul après une belle chevauchée, font partie des moments forts en émotion de cette ballade.
La seconde partie commence au Guilvinec par une belle soirée partagée avec un ami de toujours. Le beau temps revenu nous permet d’exercer notre passion : les grandes traversées.
Direction l’archipel du Glénan. Quelques heures en pleine mer avant de retrouver les couleurs du bonheur !
Puis Groix et sa côte sauvage si avenante aujourd’hui.
Théviec et son mystère.
Belle île et sa pointe des poulains majestueuse, nous offre une nouvelle fois quelques-uns de ses secrets farouchement préservés.
Nous avons terminé ce périple par 3 jours de « farniente » à Hoëdic, la petite sœur d’Houat.
Des journées bien remplies, comme les verres du bistrot de la Trinquette où se mêlent harmonieusement touristes et autochtones.
Malgré un temps de Breton, nous avons pu dérouler, en toute sécurité, 200 MN , faits de plaisirs, d’efforts, de doutes, de rencontres … bref, de vrais vacances !
Cette année, deux nouveautés techniques nous ont été bien utiles. Un neetbook avec Map source pour préparer les itinéraires avant de les transférer sur le GPS. Et surtout un téléphone avec internet pour compléter les prévisions météo de la VHF, consulter Google earth…et ses mails !

Il va falloir se créer de nouveaux rêves, de nouveaux itinéraires, nous avons tout l’hiver pour cela.

Patrick DEROIDE
Jeanine BOUT