mercredi 2 juillet 2014

Ma France de l'été 2014

 
Samedi 5 juillet, c'est le départ du tour de France.
C'est aussi mon départ de Bordeaux pour une itinérance qui devrait me conduire dans les Landes, sur les iles d'Oléron et de Ré, le marais poitevin avant de rentrer tranquillement sur Montpellier par les routes "blanches" des cartes Michelin.
Les sacs sont prêts, le vélo tout propre et bien huilé.
Je pars seul, les yeux grands ouverts. Dans la poche un tracé et un planning laconique.
Tout est à écrire, sans contrainte ni soucis.
Je suis heureux comme un gamin. Ne pas savoir de quoi sera fait la journée, demain est un autre jour.
Tout est possible. Vivre, intensément, à fleur de peau, Quelle liberté je m'offre!
La tente, le duvet, le réchaud me rendent autonome. Un paysage lumineux, une rencontre, une simple envie de me reposer et je peux mettre pied à terre pour une heure, une journée, une nuit.
J'ai pris du temps, un carnet, un stylo, un appareil photo. De quoi me retrouver face à moi même durant un mois.
N'est ce pas un beau projet?
A mes lecteurs je leur souhaite un bel été.



Un parcours varié de l'Atlantique à la Méditerranée

Un beau rêve se termine.

Me voici arrivé devant ma maison après avoir parcouru 1400 km. C'est une impression étrange. ma voiture est restée sagement à l'abri du soleil sous son arbre.
Je me sens profondément heureux d'avoir pu aller jusqu'au bout de mon projet.
j'ouvre la porte, je retrouve mon environnement habituel, je vais bientôt reprendre le cours normal de ma vie enrichie de cette belle expérience. Mais déjà les souvenirs les plus marquants remontent à la surface...

Bordeaux 20H, je quitte la Gare. Le soleil de cette fin de journée d'été donne un éclat particulier aux berges de la Garonne.





Le miroir d'eau regroupe une population jeune qui vient se rafraichir et se retrouver. Je suis également attiré par le rassemblement inédit de tous les bateaux d'Eric Tabarly. Tous les Pen Duick sont amarrés au quai à l’exception hélas du N° IV , Manureva, disparu en mer avec Alain Colas en 1978. J'ai du mal à quitter cette ville aussi rapidement mais je veux trouver un coin de bivouac avant la nuit. Il faudra que je revienne.

Lacanau au petit matin, sous la pluie. Rencontre avec l'océan. C'est marée haute et je vois qu'à certains endroits la dune a été sévèrement attaquée par les tempêtes hivernales.

Je ne m'attarde pas. Je vais profiter du temps maussade pour m'avancer. Les Landes sous ce ciel bas sont bien monotones.
Une belle rencontre avec Frédéric qui parcours Roscoff à Hendaye, en échasse!, pour l'association les amis de Marius.Une sacrée aventure humaine et solidaire...
http://echassierducoeur.jimdo.com/

Certaines pistes "cyclables" sont les vestiges  réalisées par les Allemands pour relier les blockhaus entre eux. Il vaut mieux ne pas croiser d'autres vélos...

En fin d’après midi le soleil revient, je suis à la pointe de Grave. Halte dans un camping pour tout  faire sécher et se reposer. Ce fut l'étape la plus longue (107km) et aussi la plus fastidieuse.

Au petit matin, face au phare de Cordouan, j'apprécie la traversée en bateau de l'estuaire de la Gironde. Royan, Saint Palais, Bonne Anse, j'ai plaisir à retrouver les lieux de vacances de mon enfance.
Les tentes de plage de Saint Palais ont définitivement disparues. Le Club Mickey "les goélands" est toujours là, fidèle depuis plus de 50 ans...
Plage de St Palais
Bonne Anse















Ile d'Oléron. C'est jour de marché au Château. J'en profite pour acheter des huitres que je dégusterais face à la mer, avec un bon verre de blanc.

Ce gros nuage noir...il sera pour moi!!

Je reprends la route pour visiter Brouage. Cette ville fortifiée, fondée en 1555, ressemble à Aigues Mortes en beaucoup plus authentique et moins touristique.
C'est le pays de Samuel Champlain  fondateur de la ville de Québec.



L'église de Brouage est une des plus lumineuse que j'ai pu visiter.












A l'entrée du village sur un panneau, je peux lire "Voyageur, arrête toi ici car le sol que tu foules et l'air que tu respires sont imprégnés de gloire et de grandeur passées"

Je tenais absolument à passer par l'ile Madame.
La passe aux bœufs recouverte à marée haute est le seul accès. Je me laisserais enfermer pour y passer une très belle nuit en bivouac.

Les carrelets de l'ile Madame ont beaucoup soufferts lors des tempêtes de 1999 et 2010.
Au bivouac le vélo sert à tout: de porte manteau, de table, de placard, d'étendoir...

A l'abord de Rochefort, je prends le vieux pont transbordeur pour traverser la Charente.
Quel ouvrage! Plus d'un siècle d'existence et unique en France.
Il est accessible aux piétons et aux nombreux vélos qui profitent de cette traversée atypique de la rivière.

 Rochefort. Sa corderie royale, l'Hermione et la maison natale de Pierre Loti. Il faudra que je relise Pécheur d'Islande et également sa biographie car c'est un écrivain que je connais peu.




La frégate Hermione est désormais à flots. Il reste les travaux de finition. C'est la réplique  à l'identique du bateau, construit en  1778, qui emmena La Fayette en Amérique.

Il fait bon flâner dans cette ville chaleureuse du bord de la Charente.


La Rochelle ne tarde pas à pointer son nez. C'est le premier jour des Francofolies, cette année à la mémoire de son fondateur Jean Louis Foulquier. La ville est en fête dans une ambiance bonne enfant.
Cette ville est toujours aussi agréable. j'ai la chance d'apercevoir Higelin et Lavilliers.


J'aime trainer dans la vieille ville.
Il y a toujours quelque chose à voir dans ces vieilles ruelles.
La Rochelle est multi facettes. Bourgeoise autant que zonarde, renfermée mais aussi ouverte sur le monde...
De plus c'est le paradis du Vélo. Il y en a de partout, des milliers, de tous les styles, de toutes les formes.



Après un passage pluvieux à l'ile de ré, je remonte la côte jusqu'à l'embouchure de la Sèvre Niortaise.
A proximité du port du Plomb, je croise des pécheurs au carrelet. Magnifique cette pratique ancestrale. Ce jour là la pèche n'a pas été bonne.








Je quitte à regret l'océan et cette partie de côte non touristique pour remonter la Sèvre Niortaise.
Le marais poitevin m'offre des lumières et des paysages mystérieux. c'est toute une ambiance.


















Damvix, Coulon, Magné...Le temps a peu de prise dans ces villages.





Après une belle étape à Niort, pays de mon enfance, je prends la direction de Montpellier! J'ai déjà 520 km au compteur. Désormais chaque kilomètre parcouru me rapprochera de ma destination.
Grâce à la carte Michelin et au GPS, je prends les plus petites routes possibles. Je suis souvent seul en pleine campagne. Beaucoup de tracteurs s'activent dans les champs pour la récolte du blé et autres céréales.

Je musarde, n'hésitant pas à faire un détour pour aller voir un dolmen, un site remarquable. Je roule au gré de mes envies dans cette France non touristique mais si belle.
Dolmen des Perottes












Le village médiéval de Tusson mériterait bien un arrêt prolongé. Ce sera pour une autre fois, il pleut des cordes...
Mansle est aussi une belle ville paisible situé au bord de la Charente. Dans le camping municipal je prends mon diner dans la tente car, comme trop régulièrement, la  pluie tambourine sur la tente!!!
C'est dur d'être toujours dehors, par tous les temps! Il m'est parfois arrivé de me demander ce que je faisais là...C'est vrai, il faut être un peu fou!
Avant d'atteindre la Rochefoucault, dont le château appartient à la même famille éponyme depuis mille ans... je visite la Grande Fosse. Un effondrement géologique qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Plus loin, entre saint Pardoux la rivière et Thiviers, il y a une voie verte avec de nombreuses photos qui retracent la vie autour de cette ancienne voie férrée. C'est vraiment une très bonne idée .

Désormais le rythme mes journées est bien différent. Je me soucie beaucoup moins qu'au début du voyage, du manque d'eau, de nourriture, de quoi que ce soit... Je vis au jour le jour et c'est mieux comme cela.


Saint Sulpice D'Excideuil. Un petit village, perdu en Dordogne.
Une église romane, toute simple, comme je les aime. Et puis un cadeau, un cadeau magnifique, inattendu, de la musique classique vient de l'intérieur. Un pianiste en répétition avant le concert du weekend prochain. Un son bonifié par ces vielles pierres. Je reste là, immobile, à l'écoute des morceaux qu'il interprète. un immense moment d'émotion...
 C'est pour des instants pareils que je me suis mis au vélo. une approche sans bruit, sans déranger personne pour être parfois au cœur d'une émotion, d'un échange.
Aujourd'hui je suis payé en retour de tous les efforts fournis, de toutes ces montées sans fin, de toutes ces averses que je n'ai pu éviter.

Excideuil. Joli village à peine remis d'un orage de grêle l'été dernier. De très nombreuses  toitures sont encore bâchées. Des couvreurs venus de la France entière travaillent dans tout le village adossé à son château. Et pourtant le chantier est loin d'être fini...
Le camping municipal est un des plus agréable que j'ai rencontré depuis le début de mon périple. 3.65€ la nuit, c'est mon record...
Château d'Excideuil





Hautefort












Hautefort. Quelle généreuse montée pour y arriver, mais quel beau château...Je finirais cette journée vers Terrasson où je bivouaquerais dans le parc du centre aéré situé sur les hauteurs de la ville.
J'ai encore du mal à m'habituer à ces fortes montées en vélo mais le métier commence à rentrer, c'est de moins en moins pénible!!

Maintenant la canicule pointe son nez dans le Périgord. je fais une halte à St Sozy sur les bords de la Dordogne. Il fait vraiment chaud. Le seul endroit agréable, c'est le bar ou la douche du camping! Le lendemain juste après une dizaine de kilomètres effectués de très bonne heure, je rejoins Rocamadour, haut lieu de la chrétienté depuis le moyen âge.

J'avais peur d'un flot important de touristes, mais finalement je réalise une visite tranquille de cette cité qui a vraiment une âme. Pour un peu je me convertirais...mais je ne sais pas encore à quoi!!!

En tout cas la beauté du site incite à une démarche spirituelle.

Je me contente, cette fois ci, d'une démarche culinaire. Le fromage de chèvre "Rocamadour" est une vrai merveille. J'en ferais une bonne consommation...



Je traverse les causses de Gramat. Je suis en paysage connu. Calcaire, lavognes, moutons, on se croirait dans le Larzac!

Je visite avec beaucoup d'émotion la grotte du Pech-Merle. Ces peintures de chevaux de Przewlaski, ces traces de pas, ces mains en négatif....qui datent de plus de 26 000 ans. On se sent bien petit face à cet art primitif. C'est très troublant, très émouvant.

Depuis Cabreret, je remonte la vallée du Célé, route paradisiaque pour le cycliste. je ne regrette pas mon arrêt chemin faisant  à Marcilhac, petite ville pleine de charme, sur le chemin de St Jacques. (clin d'œil à Jacques Lacarrière écrivain voyageur)

Figeac ressemble à Pézenas. En un peu moins bien , normal je suis un peu chauvin. C'est la ville de naissance de Champollion.
Moi qui pensait que c'était un Grenoblois! Et bien non. Il quitta sa famille à l'âge de 11 ans pour rejoindre son frère à Grenoble où il fit toutes ses études.





Ce soir je dormirais à Capdenac gare, au bord du Lot. Je viens d'entrer dans le département de l'Aveyron et mon compteur dépasse désormais les 1000km... Je crois que j'en suis fier! et je vais me payer une bonne bière, je l'ai bien mérité!











Je passe la soirée avec Noël. Une belle rencontre d'un vrai voyageur en vélo. Il retourne bientôt au Burkina Faso....
 http://velafrica.mondoblog.org/

 Le lendemain, Noël a la gentillesse de m'accompagner un bout de chemin. Nous visiterons ensemble le village de Peyrusse. Son tricycle à assistance électrique est un vrai bijou de technologie. Je n'ai pas voulu l'essayer de peur de vouloir le garder!


Non loin de là, Belcastel était une destination importante pour moi. J'avais remarqué sur internet ce beau village et je voulais absolument m'y arrêter. Je reste 2 jours au camping situé au pied des maisons, au bord de l'Aveyron, pour me reposer et bien profiter de ce joyau.



Quelle belle montée à la sortie de Belcastel....
Mon vélo ne m'a jamais posé de problèmes techniques. Il ne s'est jamais apitoyé sur son sort!
Le Rougier de Camares. Quel paysage surprenant! L'Aveyron du Sud est complètement diffèrent des paysages du nord du département. Je serais reçu avec beaucoup de chaleur par René et Solange. Merci pour votre accueil si convivial . J'ai eu droit aux produits du jardin et à l'agneau de l'Aveyron. Ce fut un vrai grand moment de bonheur.


J'ai quitté l'océan à l'embouchure de la Sèvre Niortaise et, par symbolique, je tenais à rejoindre la Méditerranée à l'embouchure de l'Hérault.
La couleur de l'eau est bien différente.
Il ne me reste plus que quelques coups de pédales avant de rentrer. Je prends tout mon temps, rien ne presse. Je pense à ce voyage, ces paysages, ces rencontres. Je suis bien, tout simplement.


Quelques chiffres
- 1391 Km parcourus
- 23 jours de vélos
- 1 crevaison
- Budget 450€!
- 2.5 kilos de perdu, hélas trop vite retrouvés...
- Pas une goutte d'essence, quelques bonnes bouteilles. Durant ce voyage,mon empreinte écologique a du être excellente!